Cela faisait un bout de temps que je n’avais pas posté de billet sur ce blog. Manque de motivation principalement, manque d’activité dans le fandom depuis la fin de la génération 4. Mais surtout, j’ai commencé à m’investir de plus en plus dans le fandom furry ces dernières années après l’avoir vraiment découvert en 2016. Ceux qui me suivent sur les réseaux auront remarqué cette transition depuis longtemps, ne postant plus vraiment de contenu poney, hormis mon bot qui continue de reposter le contenu d’un board avec le hashtag #CheezPics, quand il n’est pas en rade.
Dans ce billet, je vais parler brony et furry, mais aussi des différences et des points communs entre ces deux fandoms. Je vais vous expliquer ce qu’est le furry du point de vue d’un brony, comment le furry m’a séduit, alors qu’une grande partie des bronies ne porte pas d’intérêt à ce fandom anthropomorphique. Bonne lecture !
Au commencement
Je ne vais pas vous reparler de l’histoire de mes débuts dans le fandom brony, je pense que j’en ai déjà suffisamment parlé. Non cette fois-ci je vais plutôt avancer un peu dans le temps, pour nous placer en 2015.
Je connaissais déjà l’existence du fandom furry, sans le comprendre. Pourquoi s’intéresser à des animaux anthropomorphiques ? Et pire encore, pourquoi se déguiser en grosse peluche colorée !? J’y voyais le côté sympa et mignon que cela pouvait représenter, mais de là à y avoir un fandom aussi vaste et impliqué, cela me dépassait.
En 2015, lorsque j’habitais encore sur Paris, une amie m’a invité à passer une soirée chez elle. Je savais qu’elle était dans les deux fandom, et qu’à cette soirée là il y aurait majoritairement des furries. En fait il n’y avait que trois bronies : elle, Jona et moi. Je me souviens encore qu’avec Jona on s’est regardés dans le RER sur le chemin et qu’on s’est demandés « mais qu’est-ce qu’on est en train de faire ? ».
Au début de la soirée, plusieurs personnes ont enfilé leur fursuit et on est sorti faire un tour dehors. Ils ont joué sur des jeux pour enfants (ne sommes =-nous pas tous de grands enfants après tout ?) et ont interagi avec le groupe. C’est à ce moment là que j’ai compris ce que représentait une fursuit : jouer un rôle, être quelqu’un d’autre, interagir avec les gens. Ca a été un premier déclic.
Le second déclic a été peu après mon retour sur Rennes. Après avoir passé quelques mois très riches en rencontres sur Paris, le retour sur Rennes s’est avéré un peu rude. Il y avait peu de monde à voir, pas de meet-up, pas d’événement avec le fandom. J’ai organisé quelques événements brony avec les quelques personnes des environs, des sorties, des soirées chez moi, mais rien de fou.
C’est alors que j’ai repensé au fandom furry. Il devait y avoir des furs sur Rennes et c’était le bon moment pour m’y intéresser. Ma première rencontre a été lors d’un meet-up (ou furmeet) à la foire internationale de Rennes. Le thème de cette année là était le Japon et un groupe de furs avait prévu de s’y retrouver.
Sur place, je les ai rencontré, mais par soucis de ne pas m’imposer, je ne suis pas resté avec eux. Je ne les connaissais pas et je ne voulais pas passer le reste de la journée avec eux de peur de les déranger. Au final, le hasard a voulu que je recroise leur chemin une seconde fois cette journée-là et j’ai saisi l’opportunité pour me greffer à leur groupe. En fin de journée, ils m’ont proposé de prolonger la rencontre en se retrouvant chez l’un d’eux pour manger (et l’apéro !). Depuis ce jour-là, je me considère faire partie du fandom furry, et ce n’est pas prêt de s’arrêter.
Deux fandoms qui se ressemblent et qui sont pourtant si différents
Après avoir passé plusieurs années dans le fandom furry et encore plus dans le fandom brony, je peux voir en quoi ces fandoms se ressemblent mais également en quoi il sont si différents. On dit souvent que le fandom brony est le cousin du fandom furry, voir que les bronies sont des furries qui s’ignorent. Mais pour moi ce n’est pas tout à fait vrai, et vous allez voir pourquoi.
Tout d’abord ce sont deux fandom basés sur des éléments différents : le fandom brony est axé autour d’une série télévisée, tandis que le fandom furry lui n’a aucune attache du genre. Il existe car en tout temps, l’humain a donné des caractéristiques humaines (anthropomorphisme) aux animaux qui l’entoure. Cela lui permet de projeter son imagination, de créer, de sortir des limites du corps humain pour n’en garder que l’esprit.
Là où le fandom brony dépend du bon vouloir du producteur de la série pour enrichir officiellement l’univers sur lequel se base le fandom, le furry lui ne possède ni moteur ni frein. Rien ne lui fera dévier de la raison de son existence, mais rien ne lui donnera de ligne directrice.
Cette différence est intéressante dans la construction de ces fandoms. Le fandom brony se base sur un univers qui a été créé de toute pièce, le lore officiel est enrichi à chaque nouvel épisode. Bien entendu, les fans peuvent l’étendre à leur façon, mais il reste une part d’officiel et d’officieux. À l’inverse, le fandom furry n’ayant aucun univers sur lequel se baser, le lien qui l’uni est fragile. Il est souvent question de savoir si telle ou telle chose peut être considérée comme furry, si tel sous-fandom est globalement rattaché au furry ou non. Cela fait débat, et pour cause, il n’existe pas de réelle fondation, de règle ou de décisionnaire. Ce fandom est entièrement basé sur un attrait commun, rien de plus.
En parlant d’univers, ces deux fandoms partagent un point commun : l’expression d’appartenance de chacun au travers d’un personnage inspiré de l’univers en question, aussi appelé selfsona.
Chez les bronies on appelle cela un ponysona : c’est la représentation de sa personne au travers d’un personnage de l’univers de la série, généralement un poney. Mais cela peut également être un dragon ou une autre espèce vue dans la série ou non, bien que peu courant. La création de son ponysona suit des règles implicites (ne pas faire d’alicornes par exemple) et la marge de manœuvre assez restreinte : en général on choisit l’une des trois races, on donne un style de crinière et de queue, et on y applique des couleurs. Il existe donc une variété de ponysona relativement réduite, et il arrive fréquemment que plusieurs personnes aient le même ponysona, ou proche. La seule variable vraiment personnelle réside dans la cutie mark, symbole tatoué sur les fesses le flanc du poney représentant un trait de sa personnalité. À titre personnel, je ne me suis jamais projeté dans mon ponysona, je l’ai toujours considéré comme un personnage. C’est mon poney, mais pas une représentation personnelle.
Les furries appellent leur représentation un fursona. Contrairement aux bronies, les furries ont une diversité de choix d’espèces bien plus grande, que cela soit des espèces animales réelles, fictives ou chimériques. Cependant, certaines espèces sont beaucoup plus représentées que les autres, comme les renards, loups, dragons ou chats. Le choix de l’espèce peut servir à décrire sa personnalité ou son affinité à une famille animale. Outre l’espèce, le design du fursona laisse une grande marge de manœuvre en terme de coloris, motifs ou selon les spécificités de l’espèce. On peut y trouver des fursonas aux couleurs flashy, ou autre contraire, des fursonas dont les couleurs sont très proches de celles des espèces animales de référence. Il n’y a aucune restriction, seule l’imaginaire défini la limite.
De mon côté, ayant personnellement une forte affinité envers les félidés, j’ai opté pour un léopard des neiges, un félin que je trouve naturellement magnifique. Je lui ai coloré le centre des tâches en bleu, ainsi que le bout de la queue et sa crête. Contrairement à mon ponysona, je lui ai donné mon pseudonyme car pour moi, il me représente personnellement. J’ai un lien bien plus fort envers lui qu’envers mon poney.
Une chose que j’ai remarqué, étant donné que les furries choisissent leur espèce parmi un grand nombre existant, les espèces moins représentées forment parfois des sous-communautés. Il n’est pas rare de trouver des groupes de discussions réservés aux détenteurs d’un fursona d’une certaine espèce, ou tout simplement que les gens discutent avec nous car on a un fursona de la même espèce que le leur.
Un point commun, qui celui-ci est social : les fans de ces deux fandoms aiment se retrouver, que cela soit pour une soirée chez quelqu’un, ou dans des conventions pouvant rassembler des milliers de personnes. La dimension de rapprochement humain est je pense un point commun à tous les fandoms du monde. En tant qu’être humains nous voulons rencontrer et échanger avec les autres, et le fait de partager un attrait peu commun pour les petits poneys ou les animaux anthropomorphes ne fait que renforcer cette volonté.
Concernant l’aspect costume, les deux fandoms aiment se déguiser sur le modèle des personnages de l’univers respectif. Chez les furries, les fursuits sont très populaires, aussi bien au sein du fandom que auprès du grand public. Elles ont une place prépondérantes et sont selon moi le summum de l’expression d’un fan : pouvoir incarner physiquement son fursona, au delà de toute représentation artistique. Les fursuits sont des costumes personnels, souvent réalisés par un professionnel et onéreux. Selon l’artisan qui l’a créé, les prix peuvent varier fortement et avoir une fursuit faite par un artisan populaire peut rendre le costume également populaire.
Dans le fandom brony, les fursuits ne sont pas inexistantes. Elles sont plus généralement appelées ponysuits, mais restent très rares. Les ponysuits peuvent être la représentation d’un personnage de la série ou de son propre ponysona. Les cosplays sont quant à eux très populaires. On en voit le plus souvent lors de conventions et représentent la plupart du temps un personnage de l’univers My Little Pony, qu’il soit officiel ou tiré du lore du fandom.
Si les cosplays existent dans le fandom brony et non dans le fandom furry, c’est dû au fait que le fandom brony se base sur une série, et que les personnages officiels sont connus par tous. Le but du cosplay étant de se costumer en un personnage connu, ce loisir peut difficilement s’appliquer au furry.
Les conventions, points de rassemblements hors du temps qui s’étendent sur plusieurs jours, permettent aux fans de se retrouver mais également de faire des emplettes. Dans les deux fandoms on y retrouve moultes artistes talentueux qui vendent leur art sous différentes formes sur leur stand et sur commande.
Mais les différentes raisons de l’existence de ces deux fandoms s’illustre également par les modèles économiques des artistes. D’un côté, le fandom brony étant basé sur une série, tous les fans connaissent les personnages principaux du show, et ils ont souvent une préférence pour certains. De ce fait les vendeurs peuvent se concentrer sur des formes d’art en relation avec ces personnages : posters, badges, peluches, figurines, verres, tee-shirts et bien d’autres. J’ai moi-même une collection non négligeable de ces items achetés lors de conventions.
En opposition, le fandom furry n’ayant pas de base, il est relativement difficile de vendre ce type de marchandise « pré-faite » aux participants de ces événements. Presque aucun personnage n’est connu, et il serait malvenu d’en faire commerce, son image appartenant à son détenteur. Ainsi les artistes se tournent beaucoup plus vers les commissions : réaliser des dessins, traditionnels ou numériques, sur demande. Attention toutefois, cela ne veut pas dire que les artistes ne vendent pas de marchandise non personnalisée.
Cela illustre un point intéressant : les furries étant très attachés à leurs fursonas, ils les font vivre à travers ces représentations artistiques. Bien entendu, les bronies peuvent également en faire de même avec leur ponysona, mais la demande est moindre. Les furries sont donc plus tournés vers l’art, faisant vivre nombre d’artistes à travers leurs demandes de donner vie le temps d’une image à leur personnage.
Pour rester sur le thème des conventions et des différences induites par les raisons de l’existence des deux fandoms, la questions des invités d’honneur, appelés en anglais guests of honor ou plus simplement « guest », me semble pertinente. Chaque convention se doit d’avoir son ou ses invités de marque.
Dans le fandom brony ces invités peuvent avoir deux origines : soit des personnes ayant travaillé de près ou de loin sur la série, soit des personnes devenues populaires au sein du fandom de par leurs créations artistiques. En général les conventions essayent d’avoir au moins un invité ayant travaillé sur la série, que cela soit un doubleur, un animateur, un scénariste ou un compositeur. Et plus la convention a les moyens, plus elle met le paquet ! Les invités les plus prisés étant les doubleurs des personnages principaux, ainsi que la créatrice de la génération 4, Lauren Faust. Les invités originaires du fandom sont quant à eux en général des musiciens, certains étant connus par presque tout brony qui existe. Mais il peut également y avoir des illustrateurs, écrivains ou youtubeurs.
À l’opposé, le fandom furry ne reposant sur aucun élément central, il ne peut y avoir d’autre invités que des personnes ayant émergées du fandom. De mon expérience personnelle, même les grandes conventions ont très peu d’invités, les furries influenceurs ne semblant pas être aussi populaires que peuvent l’être les bronies. S’il y a bien une personne que j’ai eu l’occasion de voir invitée plusieurs fois à l’Eurofurence, si ce n’est pas toutes les fois, c’est Uncle Kage. Connu pour son rôle de président de l’Anthrocon, la seconde plus grosse convention furry au monde, il est surtout un personnage à part entière, jouant de sa blouse pour rappeler sa carrière de chimiste, racontant ses anecdotes un verre de vin à la main.
Vous êtes toujours là ? On arrive vers la fin ! Pour terminer, je vais aborder un sujet qui me semble important de souligner : l’âge des fandoms. Le fandom brony, qui commence à ne plus être tout jeune, est apparu fin 2010. À la date de rédaction de cet article, cela fait un peu plus de 10 ans maintenant. 10 ans c’est assez de temps pour voir plusieurs successions de vagues de fans déferler, créer des événements, les voir prendre de l’ampleur puis parfois disparaître. En 10 ans on a le temps de voir émerger des memes, des modes, des créateurs.
Mais 10 ans c’est relativement peu par rapport à l’âge du fandom furry. Bien qu’il est relativement difficile de définir quand précisément on peut considérer dans l’histoire que ce fandom est apparu, le terme furry quant à lui nait en 1983, soit 27 ans avant le fandom brony. Cet âge plus avancé se ressent dans plusieurs aspects : il existe des événements qui ont lieu depuis plus de 20 ans, certaines personnes sont de véritables ancêtres du fandom et ont passé une majorité de leur vie à ses côtés. Il n’est pas rare de croiser des gens âgés de plus de 40 voir 50 ans, le plus souvent en convention. Bien entendu, le fandom furry est comme le fandom brony composé en grande partie de personnes relativement jeunes.
Cette disparité dans les âges est intéressante je trouve. Il est ainsi possible de rencontrer aussi bien des personnes ayant découvert les furries à travers des conventions « manga » et les réseaux sociaux à la mode; que des personnes ayant participé aux premiers réseaux furries sur IRC dans les années 90 et ayant connu différentes époques du furry. Ces derniers ont en général tout un tas d’anecdotes à raconter pour peu que l’on prenne le temps de les connaître, et permettent de se rendre compte que le furry était loin d’être aussi populaire à l’époque que maintenant.
Pour celles et ceux qui souhaiteraient en savoir plus, je vous conseille le formidable documentaire « The Fandom : A Furry Documentary » par Ash Coyote :
Conclusion
Vous l’aurez compris, les deux fandoms bien qu’il semblent similaires, ont des caractéristiques et une histoire différentes. Cet article ne se veut pas exhaustif dans sa description, il faudrait un livre à ce niveau là je pense, mais il permet je l’espère, de poser les bases.
N’hésitez pas à commenter pour y apporter vos remarques, contributions ou suggestions de modification :) !
Pour aller plus loin :
Fiche Wikipedia du fandom furry
Fiche Wikipedia du fandom brony (EN)
Tous les liens présents dans l’article !